Un dicton paraguayen dit : "qui n'a pas visité le Chaco, ne connaît pas le Paraguay". Partir au Chaco c'était l'assurance d'un dépaysement totale et la chance de pouvoir faire quelques contacts susceptibles de m'aider pour mon mémoire de master. Mon point de chute était Puerto Casado, lieu central de mon travail de recherche. C'est un village de 7000 habitants, qui à connu son heure de gloire avec l'exploitation du bois de quebracho et l'usine de tanin.
Je suis donc parti le 9 avril d’Asunción en bus, direction Puerto Casado. Le prix raisonnable du ticket, le manque de temps, des avertissements sur l'état de la route et des rumeurs sur un possible groupe terroriste de narco trafiquant kidnappeur, me décide à ne pas faire mon ouf du stop ce coup ci. Je la joue donc sécurité et paye le bus comme tout le monde. Choix judicieux car on croise quasiment aucun véhicule sur la route. Les 652 km de bus qui séparent Asunción de Puerto Casado s'écoulent tranquillement en à peine 12 heures. Premier constat le Chaco est un désert vert, la végétation est omniprésente, broussailles ou palmerais quelques vaches se promènent paisiblement, j'apprends plus tard qu'en faite elles sont 5 millions environs à brouter le Chaco. L'arrivé à Puerto Casado, se négocie les doigts dans le nez grâce à mon contact sur place, un prêtre d'origine polonaise, rencontré lors de la grève générale à Asunción le 25 mars dernier. C'est un personnage incontournable pour qui veut bosser avec les habitants originaires (indigènes). Après une petite conversation par téléphone, il se rappel de moi, je suis reçu à l'église. Je me met dans l'ambiance de se bourg, et prend connaissance de l'actualité. La fermeture progressive de l'usine de tanin, le chômage, le rachat des terres du village en 2001 par une secte sud coréenne d'extrême droite ( la secte Moon), le combat des habitants pour retrouver leurs terres et les habitants originaires (indigènes). Suivant les conseils du prêtre je m'embarque le jour même sur l'Aquidaban, un vaillant vaisseau qui m'a emmené jusqu'à Puerto Bahia Negra. Mais avant ça j'ai le droit à une petite visite privée de l'usine désaffectée, en compagnie d'Oscar le gardien.
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Vu intérieur de l'un des hangars de l'usine de tanin de Puerto Casado. |
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Aquidaban |
Je repart donc le jour même de mon arrivé à Puerto Casado pour quatre jours de voyage, cette fois en bateau. C'est le temps qu'il faut pour faire l’allée retour Puerto Casado/Puerto Bahia Negra. Le temps aussi de visiter la région et de rencontrer ses habitants, tout ça en mode relax. Le chargement et le déchargement du bateau se font par une passerelle de bois composée de deux planches l'une pour rentrer l'autre pour sortir, et ça peu être plutôt dangereux. Tout se fait à la main, laissant 2 à 3 heures d'escale dans chaque port, suffisantes pour faire le tour des petits villages de l'Alto Paraguay. Niveau marchandise ça va du mouton, à la moto en passant par la bière. A l'intérieur du bateau c'est pas le Queen Mary II, mais on ce sent bien. Le rez de chaussé est occupé par un marché aux légumes, environ une dizaine de commerçantes se partagent l'espace, pratiquant des prix bien au-dessus de la norme (même les paquets de kentucky, les cigarettes les moins cher du pays subissent une augmentation passant de 20 centimes à 40 centimes d'euro le paquet de 20). Sur le pont supérieur il y a le bar-restaurant et quelques cabines que tu peux louer pour quelques guaranis de plus. Le reste de l'espace est occupé par des bancs pour lesquels ils faut bataillés toute la nuit si tu ne veux pas dormir sur le sol.
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Sur le rio Paraguay aux alentours de Fuerte Olimpo. |
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Pancarte touristique à Bahia Negra |
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Sur le chemin du retour j'ai fait la connaissance de Felix et son pote de la municipalité de Puerto Bahia Negra, amateur de bière. C'est grâce à ces derniers que j'ai été présenté à la famille Arias chez qui j'ai logé à Puerto Casado. Cette semaine c'est écoulée pépère à jouer des partis de foot avec les enfants. J'ai aussi découvert des animaux étrange comme le
Capybara sorte de ragondin géant. A part ça j'ai quand même eu le temps de taffer un peu les bouquins de la mère Branislava Susnik une anthropologue paraguayenne qui a bien débroussaillé le thème indigène. Et pour finir j'ai été présenté à René Ramirez le cacique des Maskoys (les indigènes avec lesquels je voudrais travailler). René Ramirez c'est tout un personnage, il a travaillé toute sa vie dans l'usine de tanin de Puerto Casado, un poste dans l'administration. Et toute sa vie il a mené la vie dure aux patrons, pour améliorer les conditions de travail. En 1989 au bout de près de 20 ans de lutte contre l'entreprise il obtient 30 000 hectares de terre pour les Maskoys, dans un lieu appelé "Riacho Mosquitos.
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Immobilisé pour la nuit, mais bonne ambiance, il en faut plus pour paniquer les "chaquenos". |
Le retour vers Asunción ça été une autre histoire. Deux jours de bus au lieux des 12 heures normales c'est ce genre d'imprévus qui fait réalisé que le Chaco c'est vraiment un endroit à part. Nous avons été immobilisé une nuit sur cette route en plein milieu de la cambrousse chaquéenne. Malgré les efforts de tout le monde pour sortir le bus du fossé, ce n'est qu'au petit matin et avec l'aide d'un tracteur qu'on a pu sortir de ce merdier. Après il a encore fallu attendre une bonne partie de l'aprem que la route sèche pour s'aventurer de nouveau sur la piste. Bon faut souligner la bonne humeurs et la patience des paraguayens. Qui ont toujours une bonne blague à sortir pour détendre l'atmosphère, même si c'est en guarani et que tu comprends pas toujours, ça fait plaisir.
Objectifs à venir:
- Aller voir les chuttes d'Iguazu
- Retourner au Chaco et me rendre au Riacho Mosquitos
- Retour à Montevideo pour un Week end de conférences sur l'histoire du Paraguay
- Regarder France/Paraguay le 1er Juin
Ahah la pluie du Chaco ! Bien stylé le petit périple en tout cas, hasta pronto en Montevideo !
RépondreSupprimerPS : génial la secte Moon !